Sujet à la mode par excellence, ce buzzword pullule dans tous les secteurs, notamment depuis le lancement de Meta (ex Facebook) par Mark Zuckerberg fin 2021.

Mais c’est quoi le metaverse ?

Il est difficile de donner une réponse unique et précise à cette question car le concept même de metaverse (ou métavers) évolue avec les technologies dont il dépend.

Le mot est apparu pour la première fois en 1992 dans le roman Snow Crash de Neil Stephenson. Dans cette œuvre de science fiction, les citoyens explorent un monde virtuel en ligne via leurs avatars numériques. Un moyen pour eux de fuir leur réalité angoissante.

« métavers » est la contraction de « méta » (au-delà) et de « univers ». Il s’apparente donc à un univers numérique, immersif et partagé, accessible depuis des équipements connectés (ordinateur, tablette, téléphone et bien sûr casques de réalité virtuelle).

Sans aller jusqu’à l’univers parallèle, et parce que ses contours sont mouvants et ont vocation à évoluer rapidement dans les années à venir, nous pouvons déjà nous attarder sur ce qui se fait en matière d’univers immersifs, notamment au profit des ressources humaines. Nous pouvons parler de XR (acronyme pour « Extended Reality » ou réalité étendue) qui rassemble l’ensemble de technologies dites immersives.

Un marché énorme qui chamboule le monde du travail

Estimé à 40 milliards de dollars en 2021, le marché du metaverse devrait atteindre 280 milliards de dollars dès 2025 et dépasserait les 1 600 milliards de dollars d’ici 2030, selon certaines études (cf. Strategic Market Research LLP).

De tels chiffres sont indubitablement synonymes d’emplois. D’abord, c’est la source de nombreux postes à pourvoir, tous secteurs confondus : de l’informatique à l’architecture, en passant par la publicité ou encore la muséographie. Meta (ex Facebook) envisage de recruter 10 000 ingénieurs d’ici 2027 en Europe et compte investir 10 milliards de dollars par an sur dix ans dans les projets et la recherche XR (réalité étendue).

Ce sont aussi de nouveaux services et donc de nouveaux métiers qui vont apparaître comme “directeur.trice de l’immersion” ou “ responsable du métavers”…

En parallèle, ce sont bien les ressources humaines qui se transforment. Elles intègrent depuis quelques années déjà, et surtout depuis la Covid-19, ce qu’on appelle les HRtech à leurs processus. De HRtech à metaHR, il n’y a qu’une fine frontière progressivement franchit avec l’utilisation d’outil et de solutions XR pour répondre aux problématiques de recrutement ou de formation actuelles.

Des outils pour aider au recrutement

Qu’il s’agisse de l’évaluation du candidat ou de sa préparation, les univers immersifs revêtent progressivement un rôle essentiel dès les phases d’assessment.

Par exemple, The Adecco Group a mis en place une expérience conversationnelle afin que ses candidats s’entraînent à l’entretien d’embauche. Cette simulation PITCHBOY en deux parties prévoit un échange avec une coach Adecco, puis une mise en situation réaliste avec un recruteur, tous deux virtuels.

Extrait d'un enregistrement de simulation Adecco

Les technologies XR (réalité étendue) sont idéales pour faire face à des situations parfois stressantes. Aussi, l'utilisation d'avatars dans le processus d'évaluation peut permettre d’éviter les biais cognitifs liés à l’âge (quoique des publics plus seniors soient moins enclins à utiliser ces univers), au genre, à l’origine, etc.

Mazars (cabinet d’audit et de conseil) expérimente un jeu basé sur l'IA pour ses recrutements. Au programme, 6 épreuves pour tester les soft skills (empathie, capacité d’analyse, adaptabilité, travail en équipe…) d’environ 10 000 candidats de la branche audit, quelle que soit leur école de provenance , via un jeu basé sur l’Intelligence Artificielle développé par Goshaba.

Outre les évaluations, il est facile d’imaginer des salons de l’emploi entièrement virtuels d’ici peu. On l’a vu pendant la période du Covid, les événements digitaux se sont multipliés.

Le bureau Hays exploite les technologies XR pour ses recrutements : son métavers comprend une salle de réunion équipée d’un tableau blanc et d’un stylo. Les candidats peuvent notamment découvrir l’espace de travail et rencontrer leurs potentiels futurs collègues. C’est l’occasion de se faire une meilleure idée du quotidien de l’entreprise.

Carrefour est allé plus loin en proposant une session de recrutement dans le metaverse. Espace virtuel et avatars mais prises de parole en direct. L’introduction par le patron du Groupe, Alexandre Bompard, est visible dans cette vidéo.

Les critiques suite à l’expérience soulignent le fait que nous en sommes encore aux balbutiements de ce phénomène et que nous ne sommes pas encore arrivés à un recrutement 100% dans le métavers. Le dernier mot revient toujours à un humain.

Il faut voir ces expériences dans des univers immersifs comme des outils d’aide à la décision, à l’instar des CV (autrefois ?) ou de solutions comme Assessfirst offrant une analyse poussée des softskills des futurs collaborateurs. Il s’agira peut-être d’une phase récurrente du recrutement, comme les entretiens collectifs par exemple.

Intégrer les collaborateurs en 2022

Si les outils d’assessment permettent de sélectionner les bons candidats, il faut ensuite les accueillir comme il se doit dans l’entreprise.

Lorsqu’on sait que 4 % des nouveaux salariés quittent leur poste après une seule journée et que 22 % des rotations de personnel ont lieu pendant les 45 premiers jours (cf. étude sur l’industrie de Bersin by Deloitte : Onboarding Software Solutions 2014: On-Ramp for Employee Success), on ne peut que saluer les opportunités qu’offrent la XR (réalité étendue) en matière d’onboarding.

En effet, un recrutement raté coûte cher à l’entreprise, entre 30 000€ et 150 000€ selon une étude ManPower, HR Voice et Open sourcing, dépendamment bien sûr du type de poste.

Le numérique, et notamment les univers immersifs, peut offrir une expérience différenciante et engageante et permettre une certaine scalabilité indispensable dès lors que les recrutements sont fréquents et nombreux.

Prenons l’exemple de Franprix qui a développé une expérience conversationnelle à 360° afin de préparer au mieux les nouveaux collaborateurs avant leur premier jour en magasin. L’utilisateur se retrouve dans son futur environnement de travail, placé dans des situations de réassort ou de facing, d’encaissement, de conseil client… L’expérience virtuelle a un intérêt bien réel pour le Groupe qui recrute chaque année des milliers de personnes.

Au Danemark, le Groupe Total a testé un serious game collaboratif (développé par MySeriousGame) destiné aux nouveaux arrivants, permettant de rencontrer et de découvrir d’une manière ludique et innovante les personnes avec qui ils vont travailler, tout en développant leur sentiment d’appartenance.

L’immersion pour des formations plus efficaces

Dans la formation, la réalité virtuelle est une mise en application évidente et offre des opportunités incroyables pour former aux métiers et aux situations techniques. Prenons comme exemple les simulateurs de conduite de poids lourds déployés par AFTRAL.

Cependant, la formation dans des univers immersifs tend à s’appliquer à des métiers beaucoup moins manuels et à des situations toujours plus diverses : accueil, vente, management, sensibilisation…

L’environnement immersif simule le monde physique tout en intégrant des outils numériques permettant aux apprenants d'interagir. L’évolution des technologies offre des expériences de plus en plus authentiques, centrées sur l'apprenant en raison de l'effet émotionnel et cognitif qui peut être obtenu en créant de véritables immersions.

Le rapport Immersive Learning for the Future Workforce (Accenture) promeut l'apprentissage expérientiel comme le moyen le plus efficace d'apprendre. Il améliore la qualité de l'apprentissage et augmente considérablement les taux de rétention jusqu'à 75 %.

Engagement actif par l’interaction, attention par l’immersion et par la gamification, individualisation du parcours et parfois retour d’information par le feedback… autant d’éléments en faveur du déploiement des technologies XR (réalité étendue) dans la formation.

Les exemples ne manquent pas. Citons Medtronic qui utilise des expériences conversationnelles PITCHBOY pour former ses équipes de vente à distance. Près de 9 utilisateurs Medtronic sur 10 estiment que les simulations de conversation les aident aux développements de compétences et 83% des compétences sollicitées dans les simulations sont mises en application en situation réelle.

Extrait d'un enregistrement de simulation Medtronic

Prenons aussi MGM Resorts International comme exemple. Le Groupe utilise la VR de Strivr pour que ses apprenants expérimentent des situations avec des clients difficiles dans leurs casinos.

En conclusion, le métavers une question d'image

Que l’on parle du (ou des) métavers, d’univers immersifs ou encore de XR (réalité étendue), l’important est de comprendre que leurs définitions sont changeantes et intrinsèquement liées aux évolutions technologiques. Il y a une prise de conscience évidente des RH quant à l’utilité de ces technologies pour leurs missions. Le travail hybride, de plus en plus dématérialisé, ne doit pas être synonyme d’isolement ; d’où la valeur de l’interactivité du métavers. Les metaHR sont donc déjà là !

Rationalisation du recrutement et de la formation, attraction des profils tech… Au-delà de booster les performances des ressources humaines, les univers immersifs sont, d’un point de vue plus terre à terre, utiles pour rajeunir l’image d’une entreprise. Ces initiatives sont régulièrement source d’articles et de buzz en tout genre, profitant le plus souvent à l’image de marque de l’entreprise et séduisant parfois la génération des millenials.

Gardons en tête les véritables valeurs ajoutées du métavers pour le recrutement, l’intégration ou la formation : une meilleure mémorisation de l’information, un engagement décuplé et une expérience différenciante.